Les dernières images de cet épisode mettent en lumière un défaut latent de cette troisième saison. Le bloc n’est pas aussi compact que les années précédentes. Ces deux saisons démontraient une rigueur incroyable, construites autour d’une thématique définie. Elles s’orchestraient en crescendo. Montée proportionnelle dans l’emphase qui culminait dans un final opératique. Or, cette présente année, le rythme et l’évolution se font plus hésitants. La vision d’ensemble peine à se définir. Et le suspense est délaissé pour une variation autour de la chronique, dans des enchaînements plus évasifs et moins subtils. Et dans la conclusion de cet épisode, cet effet s’exprime par la soudaine relation entre King et Prado.
Les première et seconde saisons exprimaient ses révélations avec le souci d’une logique interne, comprise à posteriori. Et l’on observait converger en un seul point, divers élément développés en amont. Ce soudain plan de Prado débarque sans réelle pertinence. Il témoigne d’une facilité scénaristique pour résoudre les deux points centraux de cette saison en une seule prise. Cause d’un développement distinct et sans relation définie des deux intrigues. Leur autonomie rompait l’habitude narratrice et expliquait ce rythme différé (éléments distinctifs soulevés plus haut). Un peu boiteux dans la démarche, mais révélateur d’une série arrivée à ce stade de réussite : elle peut se permettre de prendre une année entière pour développer sa figure centrale, délaissant les schémas qui ont fait sa renommée. Dexter n’affronte plus un autre serial killer – son frère dans la première saison, lui-même dans la seconde – et cette récupération, arrivée presqu’au terme de l’intrigue, sonne comme un coup opportuniste.
Il semblerait que les auteurs aient du mal à concilier le thème central de cette saison (l’héritage) aux autres personnages impliqués. Si Miguel Prado est un formidable adversaire, digne de Dexter, il fallait trouver une solution pour impliquer les personnages secondaires. Si le point initial, la mort du petit frère Prado orchestrait une nouvelle chasse à l’homme, les scénaristes ont choisi de réorienter le récit convenant à l’évolution logique de sa figure centrale et éviter les redites. Seulement le virage laisse l’entourage de Dexter sur la touche. Vient ainsi se greffer l’intrigue autour du skinner. Ces deux éléments sont trop distinctifs dans leur évolution respective pour se dresser naturellement dans le tableau final.
A l’image d’un Miguel Prado désespéré, les auteurs semblent jouer leur vatout. Et répondent aux sirènes si tentantes du sensationnalisme. Si le résultat à venir promet d’être excitant, on peut se demander s’il n’y avait pas un coup plus intéressant à jouer. Et pour une fois, laisser s’organiser deux beaux finals distincts, à l’image de cette saison.
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