Tradition typiquement américaine : le barbecue entre voisins. Chacun son tour invite la communauté à venir célébrer cet esprit de voisinage, solidaire, complice… en apparence. Thème du repas : un vandale qui terrorise le quartier résidentiel.
La série a toujours usé de l’humour comme une soupape pour le spectateur, devant l’aspect trop sombre de Dexter. Lui apposer une sorte de double, sidekick schizo, plus drôle et léger, au sociopathe tentant de socialiser. Donner le change. Toute la philosophie d’Harry transmise à Dexter pour continuer à vivre tranquillement malgré son hobby, son addiction. Cela se traduit par les séquences au barbecue, où en mode mimétisme, il tentera d’être un voisin comme tout le monde et un père tout aussi naturel, essayant de récupérer un peu l’attention d’Astor. Le contraste saisissant provoque le rire. Effet un peu facile, mais partie intégrante du personnage. Et sa volonté de passer inaperçu. Depuis la saison un, Dexter n’est plus cet inadapté social, incapable de maintenir une relation. Dexter a appris. Dexter a compris. Mais cet épisode montre encore le pas hésitant du personnage, son manque d’assurance, ses erreurs. De celui qui ne cherche qu’à reproduire sans saisir.
L’autre aspect communautaire et principal de l’épisode, c’est la partie vigilante. Où quand les voisins décident de mener leurs propres patrouilles pour débusquer le vandale. Auto-sécurité, dans cet esprit bien américain, quand est inscrit dans la constitution, le droit de défendre sa famille par ses propres moyens. On peut y voir un détournement public des intentions de Dexter. Si le psychopathe tue par besoins, son père adoptif lui a transmis l’idée du « code », tuer uniquement des gens qui le méritent, qui menacent la vie d’autrui. Et l’homme est d’autant plus motivé quand ses proches sont visés (Debra dans la première saison, Rita dans la seconde). Mais l’idée de cette milice communautaire ressemble plus à un cauchemar qu’un sentiment de sécurité pour Dexter. Voyant là, une façon de restreindre ses mouvements, de mettre en lumière (via éclairage sur capteur de mouvements) sa double vie nocturne. Le tueur prend les devants rapidement et cherche, dans la précipitation, à stopper le vandale. Ce rush, sensation d’imprudence, casse un peu l’image (et les habitudes) d’un personnage qui a fait du rituel une source de confort et l’assurance d’une existence (presque) tranquille. Pourquoi cette précipitation (qui mènera à une course poursuite) ? Peut-être la peur du manque. Symptôme de l’addict qui anticipe la perspective de doses insuffisantes.
Du côté du Trinity Killer, on assiste au second meurtre, déguisé en suicide. Démonstration du pouvoir du tueur sur sa victime. Autosuggestion et contrôle des peurs afin de l’obliger à sauter. Le serial killer impose un caractère toujours intime avec ses victimes. Après le bain de la première, le dialogue. Si le parallèle entre Dexter et le Trinity Killer est évident, les scénaristes placent une différence majeure dans l’application des meurtres. Dexter se pose en bourreau, redresseur des errances d’une justice imparfaite. Les motivations du Trinity semblent plus personnelles.
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