Happy Town 01×02 : I Came to Haplin for the Waters

Happy Town 01×02 : I Came to Haplin for the Waters

L’ennemie vient de l’intérieur. Ce n’est pas une réflexion sur la série elle-même et son terreau dramatique, mais sur les choix étranges du network ABC. Après une campagne promotionnelle qui a plombé la série d’une lourde et impossible comparaison, cet épisode pointe un autre sabotage : la décision de couper le pilot en deux. Initialement prévu en une heure trente, la chaîne a décidé de se limiter au format simple. Seulement ce choix, a priori, innocent implique le déséquilibre complet dont souffre cette seconde livraison.

Le problème rappelle un autre cas récent, Dollhouse. Quand la Fox imposa à Whedon de tourner une nouvelle version de son pilot et de livrer trois ou quatre stand alone avant de démarrer son récit. Son architecture ainsi déséquilibrée, la série n’aura pas su se remettre de cette décision. Et l’on peut craindre un sort identique à Happy Town.

Le serie premiere souffrait déjà de copieux défauts, ce second épisode les magnifie. La principale faute à une structure et un découpage qui ne fonctionnent pas, parce qu’ils reposent sur des artifices non prévus, jamais pensé comme tels. Exemples flagrants : le cliffhanger autour de la montée des marches et la résolution du meurtre. Dans le pilot, ces deux points agissent sur l’aspect feuilletonnant. Pour un effet immédiat dans le premier cas et un traitement à long terme pour le second.  Mais après vision de l’épisode (qui aurait donc dû conclure le pilot), on assiste à une complète révolution. Et les répercussions dans le récit sont différentes sinon opposées.

Ici, une simple coupe possède des répercussions fatales, parce qu’elle change la nature des informations. Elle corrompt l’attente du spectateur. Il ne s’agit pas de révélations ou d’un suspense travaillé, mais une tromperie involontaire, un décalage inopportun. Placé en fin d’épisode, Chloe accédant à l’étage interdit, impose une tension qui jouera sur la réception du spectateur à vouloir découvrir la suite (principe récurrent des shows feuilletonnant). Dans le récit initial (pilot d’une heure et demie), l’action ne subirait aucune coupe et la découverte d’une porte fermée fonctionnerait comme un élément perturbateur. On est en présence de deux interprétations possibles à une même séquence, suivant la nature et la durée du pilot. En choisissant de couper artificiellement le serie premiere en deux, ABC a provoqué une altération de la nature de la scène et produit des répercussions aux conséquences regrettables : corruption du procédé dramatique, quand une coupe produit un cliffhanger à la résolution pathétique puisque non-programmé.

On pourrait analyser la révélation du meurtrier selon le même schéma, avec quelques nuances favorables néanmoins. Car si le meurtre exposé en préambule pouvait agir comme un point de départ, sa résolution anticipée impose davantage un sentiment déceptif qu’un réel déséquilibre narratif. On regrettera cependant la nature artificielle de « l’enquête » ainsi définie en deux épisodes distincts.

Avec autant d’éléments extérieurs défavorables, il faudrait un miracle ou une force dramatique irréprochable pour sortir la série du fossé. Chose que Happy Town, dans ce contexte vicié, ne semble pas posséder. Avant d’annoncer quelques funestes destins, le troisième épisode sera probablement celui qui scellera l’avenir artistique du show.

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