Misfits, serie 01 : Coup de Foudre

Misfits, serie 01 : Coup de Foudre

La vague des remakes n’atteint pas (encore ?) les côtes britanniques. Misfits, malgré son sujet, n’est pas l’adaptation de l’américaine Misfits of Science (avec Courtney Cox, toute jeune), mais une série originale que l’on pourrait résumer par la formule toute faite : Quand Heroes rencontre Skins. L’histoire tient en quelques lignes : un groupe d’adolescents (deux filles, trois garçons), condamnés à des travaux d’intérêt général (community payback en vo), sont frappés par la foudre lors d’une étrange tempête. Ils se réveillent ensuite, chacun avec un pouvoir différent.

Misfits parvient ainsi à compiler la satire sociale (position des jeunes dans la société) et le fantastique de super héro. D’où l’impression de voir Heroes ou Incassable (pour la partie « gens normaux se découvrent des supers pouvoirs ») mixé avec Skins (ces jeunes face à une démission parentale et l’incompréhension du monde adulte en général). Série anglaise oblige, on retrouve un ton direct, sans tabou, ni pincette, voire cru. Un look grisâtre, couleurs désaturées, une caméra portée, qui parvient à rester lisible dans le mouvement et apporte ainsi l’énergie aux scènes d’action. Loin de l’aspect complexé des séries américaines des networks (censure oblige) et parvenant à se défiler face aux lourdes influences.

Si les séries étaient des miroirs de la société, on s’inquiéterait pour la jeunesse anglaise (mais le discours n’est pas infondé pour autant). Entre Skins et Misfits (voire l’insupportable Sugar Rush), les adolescents british semblent livrés à eux-mêmes dans un monde où ils se sont (un peu) proclamés souverains. Et si l’on pouvait voir, dans leur sanction, le retour de l’autorité, ils demeurent indisciplinés, n’en faisant qu’à leur tête (dans un cadre néanmoins respecté) et bravant toujours autant cette vision autocrate qu’ils ont des adultes. Attitude punk, avec tendance anarchiste.

Se pose alors la célèbre question : les pouvoirs entraînent-ils de grandes responsabilités ?

Non. Ou si l’on veut être un peu moins défaitiste, les jeunes héros n’auront pas le temps de s’interroger à ce propos. Dès le premier épisode, on plonge dans le drame made in Larry Clark, quand le groupe est attaqué par son tuteur (l’orage n’a pas touché que les cinq adolescents). Les auteurs permettent ainsi de plonger leur série dans le drame, tout en élevant leur discours à un degré de réflexions supplémentaires. Quand ils posent les questions, sans apporter les réponses : devant le meurtre (en légitime défense) de leur tuteur, ils n’ont pas le choix que de cacher la vérité. Jamais on ne pourra croire une graine de délinquance. Tout à fait schématique comme pensée, mais pertinent et ouvrant au débat. Où la faute peut être reprochée aux deux camps (adultes comme adolescents).

Ce point de départ permet de conserver une atmosphère sous-tension. Peur de la découverte, mais aucune culpabilité. Surtout lorsqu’ils découvrent des notes façon « I know what you did last summer ». On aurait pu craindre un étirement artificiel de cet arc narratif principal, mais il n’en sera rien. Les scénaristes préfèrent la révélation au suspense. Surtout quand cela entraîne machination/séduction cruelle, au dénouement tragique. Le propre de la série est de composer ses personnages en fonction de leurs actes. Et trouve un point de mire dans l’épisode 04, quand Curtis tentera de modifier le passé comme dans le film L’Effet Papillon. Un épisode charnière qui permettra de révéler l’histoire et approfondir la psychologie des personnages.

Si la forme trouve un traitement libre (l’aspect feuilletonnant reste doux), l’ensemble prétend ne rien devoir au hasard. De la nature des pouvoirs (Simon et l’invisibilité, Curtis et la course contre le temps, Alisha et sa nymphomanie ou encore Kelly et sa capacité à entendre les pensées) à la progression dramatique, tout s’enchaîne avec rapidité, cohérence et le récit y trouve une densité agréable malgré le peu d’espace disponible (six épisodes). Equilibre parfait entre nervosité et introspection. Jusqu’à composer l’absence d’évolution par une narration concentrée dans le temps.

Misfits repose sur une alchimie élémentaire. Force de l’interprétation et d’un sujet efficace dans un contexte typique. La série va droit à l’essentiel dans ces six premiers épisodes et permet à E4 de remporter un nouveau succès après Skins. D’ailleurs, la chaîne anglaise mit tous les moyens de son côté avec une campagne marketing virale sur le net. De Facebook à Twitter, les célèbres réseaux sociaux auront été sollicités. Les acteurs commentant eux-mêmes le premier épisode, en live, sur Twitter. Une nouvelle façon d’entrevoir la promotion d’une série, qui dans le cas présent, mérite amplement toutes ces attentions.

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  3. Skins Serie 04 Episode 06 : JJ
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