HBO, It’s not what you imagined. It’s more.

HBO, It’s not what you imagined. It’s more.

On annonçait HBO en peine. Incapable de négocier le tournant des son âge d’or, symbolisé par l’arrêt des deux dernières grande série de la chaîne : The Sopranos et The Wire. Difficile retour à la réalité après une hégémonie dans un contexte où la concurrence restait timide. Depuis, l’avènement de chaînes comme Showtime, FX ou encore AMC a rendu le paysage plus nuancé et la grande HBO a perdu de sa superbe. Touche finale à cette dépréciation (relative) : la fuite de Mad Men vers AMC, après le refus des dirigeants. Une grosse erreur d’appréciation, quand on voit la qualité et le succès des publicitaires de Madison Avenue, qui n’auraient pas dépareillé dans son programme.

Mais a-t-on réellement assisté à la chute d’HBO ? Si l’on excepte les quelques remous internes, quand patrons des programmes se font remercier ou démissionnent, un coup d’œil rapide sur les dernières productions locales permet de nuancer le constat. Big Love, Entourage, True Blood, In Treatment, Flight of the Conchords et les plus récentes Hung, Bored to Death et Eastbound and Down, peu de chaînes peuvent se vanter d’avoir une programmation de ce niveau. Et dans les projets à venir, citons également Treme, dernière création de David Simon (The Wire), Boardwalk Empire (Scorsese) ou Pacific, énorme production Spielberg dans la veine de Band of Brothers. Un CV qui ferait baver plus d’un patron de chaîne.

Ce que l’on reproche peut-être à HBO, c’est d’avoir délaissé le champ des innovations. D’avoir éteint la révolution. De 1997 à 2009, le slogan de la chaîne était : It’s not TV. It’s HBO. Pendant six ou sept ans, la devise était justifiée. Quand se succèdent Dream On, Oz, Sopranos, Six Feet Under, The Wire, Sex and the City, Carnivale ou Curb Your Enthusiasm, on est au-delà de ce que la télévision nous a proposé. Depuis cinq ans, si l’on excepte le remake In Treatment (qui repense le format de la série tv), la programmation relève d’un classicisme étonnant : Rome, Deadwood, Big Love, Hung ou Bored to Death. Et la célèbre chaîne câblée connut trois échecs majeurs : Tell Me You Love Me, John From Cincinnati (sanction imméritée), The Comeback, chose incroyable il y a encore cinq ans. Finalement, on serait tenté de réduire les attaques contre la chaîne à la fuite des audiences vers les concurrentes. Et d’avoir dilué son caractère précurseur dans la volonté de produire des shows classiques, difficilement attaquables mais incapables de créer un engouement dépassant ses frontières.

Aujourd’hui, le slogan de la chaîne est : It’s more than you imagined. It’s HBO.  Et révèle l’importance des devises dans la nature des programmes. Au cap révolutionnaire, on nous indiquait que l’on ne regardait pas la télévision, mais HBO. Au classicisme, la communication s’effectue sur les préavis. Ne plus juger sur la forme (devenu standard), mais sur le fond. Quand Rome et Deadwood servent de passeurs. Les deux séries historiques tentaient de joindre les deux pôles. Repenser le péplum ou le western dans un format série. Regard sur l’actualité politique à travers le prisme de l’Histoire. Le résultat oscillait entre l’excellent (Deadwood) et le médiocre (Rome et sa difficile seconde saison), mais on y trouvait les germes d’une chaîne qui repensait sa fiction. Et quand on regarde le programme : Big Love, True Blood, Bored to Death, Hung, si les série citées ne possèdent pas la force et l’impact des Sopranos, Oz ou The Wire, elles n’ont pas à rougir pour autant.

Les révolutions sont cycliques. Et tout le monde serait d’accord pour dire que l’on vit une période creuse en ce moment. Dans une ambiance morose, programmer des séries qui se « contentent d’être excellentes », c’est déjà une petite révolte. Et la chaîne de se trouver une nouvelle et lucrative vitrine avec True Blood, la dernière création d’Alan Ball (Six Feet Under). Record d’audience pendant la seconde saison (pourtant bien inférieure à la première). Voilà peut-être ce qui manquait dans ce portrait. Une série qui fait parler d’elle, qui créé le buzz, qui s’étale dans les blogs, sur les bus, dans les villes. Une série qui maintient un certains standing, un caractère auteurisant tout en étant capable de provoquer le public et le fédérer. Un schéma  que sont incapables de générer In Treatment, Big Love ou Bored to Death (malgré leurs qualités que l’on pourrait qualifier de supérieures).

HBO n’est pas morte. Et ne l’a jamais vraiment été. Petite perte de vitesse et approximation créatrice à déplorer, mais elle affiche toujours des prétentions audacieuses et offre un lieu de production aux créateurs exigeants.  L’avenir s’annonce d’autant plus radieux avec l’annonce des diffusions imminentes de Treme, Boardwalk Empire, Pacific et la troisième saison inédite (la série israélienne s’était arrêtée après deux saisons) d’In Treatment (série injustement passée sous silence dans la presse et les milieux autorisés). De penser que la seule chose qui manquait vraiment à HBO ces derniers temps était un bon coup de projecteur.

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