Cook personnalisait les défauts de la saison trois. Cette plongée dans l’excès, la marche sur un fil sans filet. Une orientation qui frôlait l’autodestruction (thématique intéressante), et finissait par se crasher avec pertes et fracas. Au point de regretter l’ancienne génération, devant une nouvelle trop bruyante, trop trash, inconsistante et par moment détestable. Cette quatrième saison semble prendre le chemin de la rédemption, caractérisé par cet épisode. Où il s’agit d’isoler Cook et d’explorer la psychologie de ce personnage, illustré jusqu’à présent, par une attitude puérile, grande gueule, proche du gamin pourri gâté qui s’amuse à détruire chacun de ses jouets.
Pour cet adolescent, les jouets, ce sont ses amis ou n’importe qui croiserait son chemin. La saison précédente était bâtie autour du triangle amoureux Cook-Effy-Freddie, valse un peu pathétique et sans imagination, qui plombait l’ambiance par manque d’empathie et d’émotion. Les auteurs semblent avoir compris la leçon : évacuation rapide de cette dynamique frelatée, pour n’en conserver que ses fantômes (autrement plus intéressants). L’épisode débute en prison, Cook dans sa taule, après avoir battu sauvagement un adolescent lors d’une fête (vu dans le précédent). Et l’on va suivre les démons de l’enfant, son chemin vers une rédemption bien fragile, où rien n’est figé.
L’épisode ne parviendra pas à réhabiliter totalement le personnage. A l’image de son acteur qui alterne interprétation habitée et sur-jeu caricatural. La force de l’épisode réside dans l’immobilisme et l’isolation. Quand le réalisateur parvient à enfermer dans son cadre Cook en le réduisant au silence. L’adolescent ressemble alors à une bête en cage. Interprétation physique, les émotions passent sur le visage de l’acteur, qui n’aura jamais été aussi bon que lorsqu’il est mutique. Rage contenue, muscles tendus, gestes coupés, on ressent la lutte intérieure qui anime le personnage. Ce conflit perpétuel qui se transforme, s’exprime par une pulsion (auto)destructrice. Mais toujours avec cette subtile et pourtant persistante impression d’assister aux états d’âme d’un adolescent simplement indiscipliné.
Quand les auteurs s’aventures dans des explications psychologiques (les raisons du caractère de Cook), ils s’empêtrent dans une tendance fâcheuse : cette récurrence à brosser des adultes caricaturaux, jusqu’à pousser l’exercice au point de les rendre improbable. Ici, on a du mal à croire en cette mère irresponsable, artiste alcoolique, qui ne fournit à ses enfants qu’un vague confort matériel. Déjà, le père de la saison précédente accusait cette orientation surréaliste. Et par extension, on nous rejoue la carte de l’enfance malheureuse pour l’adolescent, qui exprime son amertume et mal de vivre par le double slogan « sex, drugs & rock’n roll » et « live fast, die young ». Un peu cliché, et aux raccourcies évidents.
Si l’on fait abstraction de ce procédé facile et devenu redondant, on obtient néanmoins un portrait tempéré de ce personnage. Capable de l’enrichir, de lui apporter (enfin) de la consistance, autre que ses délires éthyliques se terminant en affrontements physiques. Isolé du groupe pour mieux pointer son égocentrisme, réduit au silence pour mieux exploiter une richesse insoupçonnée caractérisée par une forme de lutte introspective, Cook devient un personnage intéressant, dont la trajectoire accidentée nous concerne. L’empathie fonctionne un peu à l’usure, passe en force, mais le résultat ouvre sur une nouvelle perspective intéressante. Quand tout est à reconstruire ou presque. Au passage, l’adolescent aura pris conscience des conséquences de ses actes, jusqu’à s’excuser. Et comprendre, que les jouets ne sont pas tous remplaçables, et certains, plus précieux que d’autres.
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